Quand on évoque le sonnet, on ne pense pas forcément à de célèbres poèmes comme Le dormeur du val d'Arthur Rimbaud, Mon rêve familier de Paul Verlaine ou À  une passante des Fleurs du mal de Baudelaire, qui respectent la forme classique du sonnet telle qu'elle a été définie à l'époque médiévale.

Le grand initiateur du sonnet est Pétrarque qui en composa 317 pour honorer la belle Laure. En France, c'est Clément Marot qui lance le sonnet vers 1540 puis Du Belley avec le recueil L'olive en 1550 et Les regrets (Heureux qui comme Ulysse...) en 1558 et Ronsard avec Sonnets pour Hélène en 1578 (Quand vous serez bien vieille). Après une période de déclin, ce sont les romantiques avec Gautier et Nerval qui le remettent au goût du jour puis les symbolistes.

Le sonnet classique comprend quatorze vers, à l’origine du décasyllabe et de l’alexandrin. Ces vers sont répartis en trois strophes, deux quatrains suivis d’un sizain, qu’on sépare souvent en deux tercets réunis de toute façon en un sizain pour constituer un système de rimes clos

Ce système est codifié ainsi : deux quatrains aux rimes embrassées, le sizain avec un distique ( 2 vers en rimes simples), en rimes croisées ou simples, donc selon la combinaison abba abba ccdede ou abba abba ccdeed.

               
        Joachim du Belley          Pétrarque et Laure              François Villon

                                                    
                                                 Pouvoir des yeux
                                 Est-ce bien ce qu’on nomme coup de foudre
                                Qui me prit soudain quand je vis ses yeux,
                               L’impression flash d’être déjà deux,
                              Qui fuse comme une traînée de poudre.

                             Ces regards qui se croisent et s’entrecroisent
                             Dans un petit chassé croisé furtif,
                            Qui se détournent d’un mouvement vif   
                            Se parent d'une apparence courtoise.

                           Simplement, comme ça, de toi à moi
                           Ce fut dans tout mon être un grand émoi,
                           L’expression d’une seconde infinie,
          
                            Des images gravées dans la mémoire,
                             Inscrites à jamais dans notre histoire
                             Quand un jour banal, bascula ma vie.


                        

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Christian Broussas - Sonnet - 30/01/2018 • © cjb ©  >>