--- Stances à la septantaine ---
              
      
« J'ai soixante-dix ans, ce n'est tout de même pas mal pour un homme de mon âge. » Sacha Guitry

Amis, en ce jour, vivons notre septantaine
En nous disant tout simplement, sans autre gêne
Qu’il est agréable, si plaisant d’être ensemble,
De se retrouver ainsi et marcher à l’amble.
 
C’est avec bonheur, sans artifice et sans thèse,
Notre respiration et notre parenthèse,
Danser en entamant une "ronde du Banc",
Danser, s’amuser comme de jeunes enfants,
Comme cela et sans plus de raison
En jouant à "Hélène et les garçons",
Autour de la table, tous réunis
Pour faire la fête comme aujourd’hui.

Un jour, il faudrait peut-être se faire
Un beau cadeau,  comme  de vieux frères,
Graver nos noms sur un grand banc de pierre
Comme celui où nous jouions naguère,
Avant de partir voir l’ami Charrière
Ou de pousser jusqu’à la Ferrandière.

On pourrait aller faire une pétanque,
Tans pis si on la tire et on la manque,
Sortir les cartes après le repas,
Une grandiose partie de belote
Avec toujours la peur de la capote,
Mais alors, on joue, on ne triche pas !
 
Quelque part du fond de l’horizon,  
Au rythme affolant des saisons,
La vie est comme une pénéplaine,
Autant d’années qui passent et s’égrainent 
Moutonnant ainsi en larges vagues,
Dont parfois on effeuille les pages.
 
Et puis, et puis… quand affluent tous les souvenirs
Qui peu à peu affleurent, qu’on laisse venir,
Les vacances au soleil à La Tamarissière,
Des vacances loin de notre cher banc de pierre,
Quand on déambulait sur la plage, si fiers,
Et qu’on allait piquer une tête dans la mer.

Et puis bien sûr, il y eut aussi Le Cannet,
Les limons glacés sirotés dans les troquets,
Une épopée évoquant tant de souvenirs,
De nos fous rires pour rien aux plus grands délires.
Et puis, et puis… la pénéplaine qui moutonne,
Des vies qui s’étirent doucement et ronronnent.

Et plus tard… on détricote des souvenirs
Nostalgiques, comme un passé en devenir.

 Je n’ai guère que ces mots dans ma besace,
Ces quelques simples rimes, quoi que je fasse
Pour ponctuer le rythme du temps qui passe,
Pour aussi exprimer au fil des mes phrases
L’indicible énigme qui unit des hommes,
Ce mystère qui a fait ce que nous sommes.

Vivons donc pleinement notre septantaine
En nous disant simplement « À la prochaine ! » 

  

< Ch. Broussas • SeptantaineFeyzin ° © CJB  ° • février-mai 2016  >