mardi 3 février 2015

Le temple de la culture

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« Otez-lui la mémoire, il n'aura plus d'amour
. »

 (Jean-Jacques Rousseau, "La Nouvelle Héloïse")


 


L'antre du savoir

« Il est indispensable que les bibliothèques scolaires soient bien garnies et que se multiplient les bibliothèques de quartier et les bibliothèques pour tous. C’est là que se fait la véritable découverte de la lecture ».
(Bernard Clavel, "Écrit sur la neige")


La monumentale porte de l'antique bibliothèque grinça lourdement sur ses énormes gonds usés. Chaque vantail s'élevait à plusieurs mètres de hauteur, renforcé tout autour par un jeu de cornières de bois clair qui tranchait avec les nervures sombres du chêne. Des pans entiers portaient des décors de motifs floraux ciselés dans un bois tendre sur des panneaux insérés dans les énormes parois de chêne. Planaient déjà ici à l'entrée un léger mélange d'encaustique et ce qui émane des vieux livres faits de lourdes reliures de cuir, d'épais papiers secs depuis longtemps et d'encre éventée.  Comme s'il suffisait de suivre ces effluves pour se faufiler dans les arcanes de la culture.

L'ensemble donnait une impression de solennité, d'univers empesé renforcé par les arceaux d'un plafond dont les voliges s'entrecroisaient pour donner un peu de légèreté à la salle d'entrée. A peine avais-je pénétré dans ce nouvel univers, le nez en l'air, essayant d'appréhender toutes les sensations qui m'assaillaient, que je fus impressionné par la grandeur imposante qui se dégageait de ces lieux, comme les vaisseaux élancés des grandes cathédrales gothiques en imposent au premier regard, hésitant à en embrasser la totalité, tellement est forte la sollicitation visuelle qui s'offre alors au visiteur dont le regard peu à peu embrasse l'ensemble et monte jusqu'au faît de la voûte.

   Bibliothèque de l'Institut

Effectivement, pénétrant avec respect et humilité dans ce temple de la culture, j'eus le souffle coupé par l'immense vaisseau de bois bâti sur le modèle de la salle précédente mais aux proportions prodigieuses, tapissé d'un nombre incommensurable d'ouvrages de toute nature dont je ne voyais que la tranche, rangés selon une mystérieuse méthode de classement. Des gens circulaient en silence dans les travées, allaient et venant en prélevant des livres répertoriées dans des fiches qu'ils mettaient à jour d'un coup de stylo, en remettant d'autres à leur place initiale, emplissant et vidant tout à la fois des pans entiers de rayonnages.
Un grand échalas à côté de moi, de l'air le plus naturel et détaché comme s'il sillonnait un domaine ordinaire, s'éloigna rapidement, sans un regard, perdu dans les fiches qu'il tenait à la main, les relisant tout en continuant sa marche. Lui au moins était à son aise ici; un habitué. 

Le regard errant de droite et de gauche, du parquet au plafond lambrissé, devant tant d'abondance, le vertige me prit et le découragement m'envahit. Tant de savoirs accumulés patiemment par des générations de chercheurs, de romanciers, de poètes et de bien d'autres spécialités, dont certaines dont je ne soupçonnais même pas l'existence, dépassait mon entendement. Voilà donc la façon dont on concentrait la "substantifique moelle" de la civilisation, tout ce que l'esprit humain au cours de sa longue évolution avait pu saisir de son environnement.  

Comme dans une église ou un concert de musique classique, on communiait ici dans un silence pesant, chacun dans son coin, assis sur un chaise malcommode, où chaque mouvement furtif, chaque déplacement -un étudiant qui se lève lentement, des chuchotis à peine perceptibles qui s'élèvent dans cet atmosphère acoustique propice- devenaient vite une contrainte, une dérogation à la dictature du silence.
Un extrême respect présidait à chaque déplacement, comme si un quelconque mouvement brusque pouvait déclencher la colère des dieux de l'Olympe et que cette fière cathédrale de bois, de papier et de carton, s'effondre brusquement dans un formidable tourbillon de poussière qui défie les cieux, obstruant l'horizon et emportant dans ses scories les rêves des hommes. 

     Amphithéâtre de bibliothèque

La vie semblait dans ce lieu confiné, comme mise en conserve, enfermée dans les tranches fatiguées des reliures. En tout cas, je m'appliquais à respecter les règles non écrites qui régnaient ici, à me couler dans le moule de la bienséance ambiante faite de chuchotements à peine audibles, rumeurs qui s'éparpillaient dans les travées ou entre les lames du parquet, et de pas feutrés, du froufrou léger d'une robe, osant à peine m'avancer dans la travée centrale pour me diriger vers l'une des hôtesses d'accueil.

Le poids des mots

« La culture ne peut être qu'intérieure, me dis-je encore sous le coup de l'émotion suscitée par cette profusion, finalement irréductible à la vie. » Un langage muet  se transmettant par signes qui sont autant de reconnaissance pour initiés; pourquoi pas, finalement, le signe étant d'abord le meilleur symbole du non verbal. La lecture n'était-elle pas peu à peu devenue personnelle, valeur intime de silence et de concentration, univers clos remplaçant les lectures publiques, madame de Sévigné faisant profiter la cour des lettres à sa fille, les invités de madame du Deffand, admis par privilège dans  son célèbre salon « tapissé de moire bouton d’or » ferraillant avec les beaux esprits du Siècle des lumières de d'Alembert à Fontenelle, de Marivaux à Helvétius, de l’architecte Soufflot au sculpteur Falconet ou au peintre Van Loo qui s'y pressaient avec courtisans et dames de cour médisantes.

J'imaginais aussi le salon si recherché de la belle Juliette Récamier de l'Abbaye-aux-Bois à Paris, réunissant les plus beaux esprits de son temps dans des réunions bon enfant où, autour du "prince consort" Alphonse de Chateaubriand qui les présidait souvent, de brillants érudits comme Victor Cousin, Edgar Quinet ou Tocqueville et le futur gotha des lettres représenté par Honoré de Balzac ou Alphonse de Lamartine redoublaient d'émulation et se lisaient leurs derniers écrits. 

Il n'y a pas que des rats de bibliothèque

Des sculptures dorées dont les têtes ressortaient de socles encastrés dans les panneaux et rehaussés de dorures, qui ne me disaient rien, ornaient les embrasures des panneaux au-dessus des derniers rayonnages. Je sus par la suite, après m’être renseigné, ayant alors beaucoup de mal à distinguer les noms peints sur les socles, qu’il s’agissait des grands emblèmes de la mythologie, fichés dans le bois des murs, représentant en quelque sorte les anges gardiens des lieux. 

Au fond, juste au milieu sans doute pour mieux régner sur ce temple culturel et garder un œil sévère sur les mouvements du grand vaisseau central, trônait le premier couple divin Gaïa et Ouranos. Les longs murs de travée étaient décorés d’autres divinités,  du côté gauche Athéna et Aphrodite puis Dionysos et Hermès, du côté opposé la beauté révélée d’Apollon et d’Artémis puis Poséidon bien reconnaissable à son trident ainsi que plus au fond, d’autres fils de Zeus, Arès le Mars des romains avec son casque de guerrier, Hermès le messager avec ses petites ailes sur la tête…

Belle galerie de divinités propre à célébrer les lieux, complétée sur les murs latéraux par la fière figure tutélaire de Zeus accompagné de Héra ainsi que les bustes du roi des Titans Cronos et Rhéa, à la fois sa sœur et sa femme (autre siècle, autre mœurs sans doute) et mère comblée s’il en est. Cathédrale païenne assumée, arborée même dans ces visages tutélaires sont autant de références, espèces de pendants de la mairie républicaine défiant l’église millénaire dans toutes les communes françaises.


Bibliothèque et banque de données


A quelque temps de là, je me rendis à la bibliothèque municipale, bien plantée dans les canons architecturaux de son époque, image forte de la modernité de la municipalité. Temple-symbole de la culture, ses cinq blocs transparents faits de verre dégrossi semblaient comme en équilibre instable sur un socle en béton brut prolongé par le hall d'entrée. La transparence irradiait du verre omniprésent, réfractée par les brisures des immeubles adjacents et les a-plats étirés de l'azur céleste. La lumière s'y diffusait ainsi, coulait à grands jets qui traversait la parois de verre, se dispersant dans les différentes salles de lecture.

Immédiatement, je m'y sentis à l'aise, libéré du poids des siècles, de toutes ces strates du passé qui se superposaient, s'entassaient pour donner l'impression d'une "culture tour de Babel" sans fin, sans fond, où je me sentais déstabilisé, quelque peu perdu dans toutes ces possibilités qui s'offraient à moi, à mon avidité de connaître, sauf celle de choisir, écrasé par le poids de l'immense vaisseau de culture qui m'en imposait trop pour me sentir vraiment disponible. 

          

Parcourant au hasard l'une des travées latérales, je parcourus les rayonnages étiquetés "Romans français - Seconde moitié du 20e siècle". Une goutte d'eau dans cette rage d'écrire qui tenait les hommes depuis qu'ils avaient découvert la magie que contiennent des signes tracés sur la pierre et qui s'étaient propagés au travers des siècles. Et cependant impressionnant. 

 Au-delà de ce coffre-fort, espèce de Fort-Knox culturel, un bâtiment digne du United States Bullion Depository où sont enfermées, dit-on, les plus grosses réserves d'or de la planète, ce qui m'impressionnait d'autant plus que la culture ait droit elle aussi à ses temples, temples assis fièrement au centre des villes alors l'or de Fort-Knox est enfermé dans un camp militaire au fin fond du Kentucky.
Ultime revanche de l'esprit sur la matière.

Des dizaines et des dizaines de volumes de tout format attendaient sagement, rangés en rangs serrés dans des rayons pleins à craquer. Sur certaines tranches, la poussière disait l'abandon. Des romans désormais inutiles, plus compulsés depuis longtemps, n'intéressant sans doute plus personne, si peu vivants en somme. Et pourtant, ils étaient là, conservés en l'état, bichonnés même par la jeune bibliothécaire qui papillonnait dans les travées, jamais en veine d'un renseignement, prêts à se donner au premier passant venu, à une lecture hypothétique du genre "au cas où", sait-on jamais, un étourdi prendrait idée de l'emprunter, un érudit déciderait d'écrire un docte traité sur un sujet aussi ciblé qu'abscons. Comme ces choses qu'on garde en se disant que « ça peut toujours servir un jour. »

D'un œil rapide, je passai en revue les autres rayonnages de la salle où je m'étais installé : même succession d'auteurs aussi inconnus que prolifiques, rangés sagement par le sacro-saint ordre alphabétique complété par un non moins sacro-saint classement chronologique, même volonté de conserver l'écrit comme une relique. Furieuse volonté de préserver des points d'ancrage dans une société multiple et mouvante.  


Le grand vaisseau de la bibliothèque de l'Assemblée nationale


Même désir de sauvegarder ces témoins d'une époque soumis à l'épreuve du temps, à la déliquescence irrémédiable du papier, ultime tentative de lutter contre l'oubli, de le nier, de refuser la chronique d'une mort annoncée. Belle égalité aussi entre tous les auteurs, chaque livre faisant l'objet des mêmes soins, des auteurs "stars" aux auteurs tombés dans l'oubli. La seule hiérarchie restait décidément l'ordre alphabétique.

Pour chaque auteur, on avait répertorié, étiqueté, sauvé tout ce qu'il avait produit au cours de sa vie, des œuvres maladroites, souvent œuvres de jeunesse à la diffusion confidentielle, qui n'intéressent au mieux qu'une poignée de chercheurs, jusqu'aux œuvres posthumes parfois inachevées, souvent puzzles faits d'interviews, de bouts de documents épars, sans grande cohérence. Autant de trésors pour rats de bibliothèques. Dans une salle connexe, la jeune fille aux mules rouges qui changeait de chaussures en arrivant à son travail, reprenait avec minutie la reliure d'un livre à la tranche béante.      

                
Médiathèque
Élisabeth et Roger Vailland à Bourg-en-Bresse

La vie s'était-elle retirée de ces livres au fur et à mesure que le papier séchait et que l'encre se retirait, passant à un gris de plus en plus clair, s'effaçant lentement jusqu'à ce que le support devienne palimpseste. Mais la vérité profonde de notre condition était peut-être inscrite dans la grâce qui se dégageait de la sérénité des lieux. Cette idée me réconforta. L'importance qu'on leur donnait, cette révérence que pratiquaient des hordes d'instituteurs qui nous inoculait leur respect absolu du livre. Choisir un seul de ces ouvrages et se retirer du monde sur une île déserte. Choisir cet objet si fragile et si dérisoire de la conscience humaine, un de ces livres qui constitue le somme de la vie d'un homme ou la quintessence de l'humanité. 

Henri Troyat le boulimique

Musant à mon habitude dans une petite brocante où je cherchais sans vraiment chercher, grattant ici ou là dans des fonds de caisses qui livraient pêle-mêle Molière et des romans de gare, Albert Camus et des arlequins, je "tombais" -c'est le cas de dire puisque je m'étais penché pour plonger dans un grand carton qui regorgeait de livres, débordant de ces bouquins depuis longtemps laissés pour compte, bouquins à deux sous qui me suppliaient de leurs couvertures défraîchies et de leurs reliures vieillies et écornées, moi plié en deux, compatissant à leur triste sort, prêt à en sauver quelques-uns des griffes de ce destructeur de culture qui les bradait pour quelques malheureux héros.

Avide de littérature et d'histoire, je tombais alors sur un livre d'Henri Troyat que je ne connaissais pas, dont en tout cas, le titre ne me disait plus rien. Auteur de cette époque qui me semblait bien oublié lui aussi, sans doute moins que beaucoup d'autres, mais qu'importe, un auteur dont on peut critiquer le recours au roman historique qui n'est ni du roman ni de l'histoire et médire de ses romans trop classiques au goût de certains, un auteur qui régnait sur le paysage littéraire de son époque et maintenant sur plusieurs rayonnages qui lui étaient dédiés à la bibliothèque municipale. 

J'étais donc penché puis arc bouté  sur ce carton débordant de trésors culturels, le fameux livre à la main, quand le vendeur que j’intriguais sans doute, m'interpela : « Ah monsieur, qui lit encore Henri Troyat de nos jours ? » Question iconoclaste mais éminemment pertinente. Placé derrière moi, je n'avais entendu que sa voix mais à sa remarque, je me doutais bien qu'il avait dû beaucoup rouler sa bosse et tenter de refourguer beaucoup de "fonds de librairie" pour survivre vaille que vaille. Et son œil finaud et exercé de professionnel avisé supputait que je ne convoitais pas son énorme carton mais un invendable qu’il fallait absolument que je considère comme un joyau… 

Le petit bonhomme, avenant et d’une faconde de bonimenteur, me souriait de toutes ses mauvaises dents, la gauloise en cloche aux doigts, bien dans le style du lieu avec son bleu délavé et son bonnet tricolore. Il entreprenait toux ceux qui passaient, leur glissait quelques mots sur tel ou tel bouquin qu'ils compulsaient ou simplement regardaient, donnant un avis définitif sur un tas de bouquins, parlant parfois de l'auteur, les replaçant dans leur contexte... Je dus sourire de son manège, assez pour qu'il le remarque et vienne me rejoindre devant son carton.

Interrogatif, je tenais toujours le bouquin à la main, quand il m'apostropha : « Vous ne le connaissez pas, hein, celui-là, je paris... Son dernier, enfin le dernier publié à titre posthume, écrit sans doute au début des années 1990. Un bouquin comme il les aimait, mélangeant peinture d'une époque et biographie d'un écrivain bien oublié, un certain Gontcharov. D'où le titre. »

 

Le tout, bien envoyé d'une seule tirade. Devant tant d'érudition, je ne savais au juste quoi dire, répondant piteusement « Effectivement, ce titre ne me disait rien. » J'eus ensuite droit à quelques repère biographiques sur l'auteur, comme ça dans la foulée, sans qu'il n'y paraisse. Visiblement, il y prenait un plaisir fou, s'interrompant, discutant dans la foulée avec les curieux qui s'arrêtaient devant son stand. 

La bibliothèque en papier d’Érik Orsenna

L’écrivain Érik Orsenna n’est pas resté dans sa bibliothèque, il a fait son baluchon pour partir sur la route du papier. Ah ce papier qui exerce un monopole sourcilleux depuis bientôt un demi-millénaire ! Dénoncé comme "Défoliant naturel" des forêts, il est depuis quelques années décrié, anti écologique lui reproche-t-on, et la classique bibliothèque évolue inéluctablement vers la médiathèque. Les lecteurs impénitents parlent plutôt d’un usage différent entre le livre papier et le livre électronique, la question étant d’ailleurs plutôt la polyvalence et la facilité d’utilisation de ces outils. Reste à connaître la durée de vie du support électronique sans qu’on ait encore le recul nécessaire pour répondre à cette question.

On nous promet que la révolution du numérique va grignoter peu à peu le papier plus sûrement que des moisissures délétères, qu’une armée d’insectes papivores, le dangereux mérule qui raffole de la cellulose du papier, se délectant de la colle et de la reliure. Mais peut-être qu’un malin génie stipendié par Satan et muni d’un énorme aimant dévastateur va subrepticement vider toutes les mémoires magnétiques et transformer les médiathèques en coquilles vides.


Et pourtant ce papier est bien l’instrument vital de l'écrivain, outil de la mémoire et comme l’assure Érik Orsenna « dépositaire de tous les anciens temps » car ajoute-t-il, ça fait « Deux mille ans que la planète et le papier cohabitent. Plus tu en sauras sur lui, mieux tu apprendras sur elle.  »


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L'écrivain et le papier, quel duo inséparable… Créer avec un traitement de texte, pour un écrivain qui se respecte, vous n’y penser pas ! La création littéraire est comme le papier, une histoire de tri, tri des idées, tri des souvenirs, tri de toutes les données qui fourmillent dans sa tête, récupération de tout ce qui peut lui servir à bâtir son histoire, les mille et un détails qui tracent une réalité plus vraie que nature, recyclage de sa "pâte romanesque" qu'il va pétrir et pétrir jusqu’à l'apprêter à son goût. Voilà pour la cuisine littéraire.


Avec lui, on visite le monde du papier, on oscille entre la forêt canadienne et celle des Landes, du Japon, du Brésil, de l'Italie jusqu'en Inde, on entre dans la fabrication de cette « soupe de fibres qu'on étale puis qu'on assèche ». Avec lui, on admire avec humilité la bibliothèque murée de Dunhuang, ultime cité chinoise sur la route de la Soie, qui cache les plus vieux papiers du monde, on revient en France dans ce temple moderne du savoir, la Bibliothèque nationale de France, univers climatisé et aseptisé  amusés et ravis, on peut découvrir par exemple les marottes du grand Victor Hugo exigeant du papier azuré pour écrire Les Misérables ou du papier blanc pour Les Travailleurs de la mer.

Du Nom de la rose à La bibliothèque de Babel

Atmosphère lourde et mystérieuse dans ce huit-clos qu’est cette abbaye que fait revivre Umberto Ecco dans « Le nom de la rose » et sa non moins mystérieuse bibliothèque, centre de la vie des moines, objet de convoitises, source d’une lutte pour le pouvoir qui sonnera le glas de l’abbaye. C’est le centre du savoir de l’époque médiévale, rare et précieux, monopole de l’Église, que les moines pour leur malheur, vont se battre pour tenter de se l’approprier, d’en barrer l’accès. Seuls les initiés pouvaient se déplacer facilement dans ce dédale, ce labyrinthe inextricable, comme si l’accès à la culture devait passer par des tiers détenant les clés d’accès à la culture, autant d’épreuves initiatiques censées mener au Graal. 

Atmosphère confinée à l’avenant, comme si le secret devait à jamais y régner, comme si oral et écrit étaient incompatibles, dans la nouvelle de Jorge Luis Borges « La bibliothèque de Babel » de son recueil Fictions, un lieu à part, protégé, trop fragile pour ne pas finir comme l’abbaye de Umberto Ecco, dans les flammes de l’enfer. La punition des pêchers des hommes d’Église sera sans pitié, la colère de Dieu implacable.

Dans la bibliothèque, l’ordre règne dans les travées et les rayonnages aux livres plantés en rangs d’oignon : division thématique oblige, pas de liens directs entre toutes ces connaissances. Paradoxe de l’ordre établi qui interdit l’activation de réseaux, des nodules qui pourraient irriguer l’ensemble et réguler les interactions.

Cet accès médiatisé par les "initiés" qui symbolise la difficulté d’accès à la culture, représente aussi les niveaux d’accès selon le degré d’abstraction des œuvres. À notre époque, le labyrinthe s’estompe au profit de clés d’accès multiples facilitées par l’informatique et la disparition des interdits moraux et religieux, au temps anciens des mises à l’index d’œuvres jugées immorales ou licencieuses. La prépondérance des œuvres religieuses et liturgiques a peu à peu cédé la place aux œuvres de fiction et aux ouvrages d’analyse sociologique. Les moines copistes sont devenus photocopieurs, supports audio-visuels, duplicables à volonté.

Subrepticement, le monde de la confusion et du complexe, celui de Borges et sa « bibliothèque de Babel » qui s’élève étage par étage avec l’ambition de défier le ciel, a été investi par un monde souterrain, un chef d’orchestre multiple qui fédère les connaissances jetées pêle-mêle dans le chaudron de la culture, et gère tous les liens comme un super thésaurus interactif, comme une boussole ou , métaphore plus actuelle, un GPS qui réglerait les itinéraires dans les innombrables méandres de l’immense labyrinthe culturel.
L’incendie final de l’abbaye du Nom de la rose peut aussi être une métaphore de ces autodafés qui marquent la peur des pouvoirs autoritaires devant la diffusion de la culture et la contestation des normes qu’ils imposent.


Le Nom de la rose         Résultat de recherche d'images pour "Jorge Luis Borges, La bibliothèque de Babel, du recueil Fictions photo"
Comme il n’est (toujours) pas interdit de rêver, certains imaginent ce qu’on a appelé la bibliothèque idéale de Toronto qui évite d’être noyé sous des flots d’informations impossibles à traiter, où l’on puisse naviguer sans écueils parmi une information signifiante et pertinente, où l’on puisse s’y promener à l’aise comme dans un jardin d’Eden, citoyen du monde de la culture ouvert à tous. Où l’utopie rejoint la technique. 

La bibliothèque, comme tout ce qui est vivant, évolue et maintenant au rythme de notre époque, investie à son tour par des réseaux à l’échelle mondiale, qui scellent l’effacement de son rôle traditionnel pour devenir un système de bases de données dispensant la connaissance jusqu’aux contrées les plus reculées du globe.

À l’occasion de l’anniversaire de la bibliothèque de Milan en 1981 dans le palais Sormani, Umberto Eco évoquait la possibilité d’élaborer « des modèles purement futuristes pour les bibliothèques existantes. » Sûr que Borges serait le premier surpris de voir sa « bibliothèque de Babel » régulée par un système universel. Reste encore à savoir donner un contenu aux myriades d’informations que fédère une connaissance de plus en plus difficile à saisir et à définir. Le modèle universaliste des sorbonnards médiévistes autant que la volonté encyclopédique du Siècle des lumières ont bien vécu.

Le manuscrit  de Malcolm Lowry
L’art, gage d’immortalité pour l’homme, manière de dépasser sa condition, mais le papier, matière vivante, est mortel, voué inéluctablement aux affres de la vieillesse… Refus suprême de l’homme qui, pour mieux le sauver et se sauver lui-même, le voue au mausolée, le traite et l’embaume comme une momie.
L’homme moderne est ainsi, poursuivi par un passé qu’il voudrait toujours renouvelé, tourné vers l’avenir pour effacer, à travers les mystères de la création artistique, les stigmates du déclin et l’irrémédiable de sa condition. Préserver, conserver à tout prix, instinct de conservation inné au moment où l’évolution impose plus que jamais sa logique. 

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Patrick Deville dans son essai-roman Viva évoque le manuscrit  de Malcolm Lowry, quand « un archiviste en gants blancs a remonté (le manuscrit de Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry) de la cave à hygrométrie constante par l'ascenseur, sur un chariot nickelé comme un cadavre pour l'autopsie. » La comparaison m'avait à la fois enchanté et choqué, autant était audacieuse l’image qui s’en dégageait, par son contraste même, l'image de l'extrême respect, quasi déification impliquant la pérennité de ce type de documents jugés d’autant plus précieux qu’ils sont fragiles, précaires, autant je fus saisi par sa connotation létale. Pour conserver cette sacro-sainte mémoire collective, il faut d’urgence à leur chevet déléguer des spécialistes pour ausculter leurs entrailles de papier, traquer la moindre trace suspecte, le moindre indice qui pourrait trahir la présence de micro-organismes prédateurs et papivores.

L’archiviste va ensuite manipuler le document avec des précautions telles qu’il devait renfermer des pouvoirs magiques ou être aussi précieux pour les hommes que le véritable suaire du Christ : « Il l'a religieusement déposé, ainsi que d'autres documents, sur la table de bois ciré de la bibliothèque, des feuillets comme extraits de l'enfer et un peu brûlés par les feux de l'Hadès, » le maître mythologique qui règne sous terre rognant inéluctablement les Tables de la loi de notre substrat mémoriel. L’art est ainsi déifié comme principe du devoir de mémoire des sociétés contemporaines.


La bibliothèque des refusés

« Cette bibliothèque est dangereuse. »
Ainsi débute par cette citation du philosophe allemand Ernst Cassirer « à propos de la bibliothèque Warburg », le roman de David Foenkinos "Le mystère Henri Pick".
Y aurait-il donc des bibliothèques dangereuses ? 


D
es lieux étranges en tout cas, jalousement conservés, à l’abri de la lumière et des hommes, qui ne contiendraient que des livres sulfureux, à l’image des livres interdits jadis par les tribunaux de l’Inquisition, qui révéleraient des secrets longtemps occultés de la pierre philosophale ou de la Toison d’or. Des bibliothèques qui ne s’exhibent pas dans leurs écrins de verre, lovées dans des cryptes improbables, plus sûrement défendues que celle que met en scène Umberto Eco dans Le nom de la rose.


Mais rien n’est immuable en ce monde, pas même les grandes bibliothèques antiques emportées par la folie des hommes ou de la nature, comme celle d’Alexandrie, orgueil des hommes, emportée par les flammes, autodafé vengeresse de dieux jaloux de son pouvoir sur les hommes.


Rien n’est inviolable, pas même les tombeaux des pharaons, enfouis à flanc de montagne  dans la vallée des rois ou érigés fièrement en pyramides pour défier les siècles et implorer les dieux mais soumis malgré tout à la rapacité des hommes.

Seuls demeurent les signes gravés dans la pierre, la litanie des célébrations, les hommages aux disparus dans les salles funéraires comme un ultime appel, une ultime soumission aux dieux. Seule demeure la pierre de Rosette comme médiatrice de cette civilisation, seule pour révéler l’énigme de siècles millénaires, la parole gravée dans la pierre et permettre d’esquisser  le profil de civilisations disparues.

Les silos à culture modernes si contingents avec leurs supports numériques évanescents, peut-être plus précaires encore que le papier, avec leurs systèmes complexes de climatisation qui maintiennent une température constante, voudraient défier les aléas climatiques et effacer le temps pour porter la culture à l’intemporel.
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Lieu étrange aussi, s’il en est, imaginé par un écrivain américain Richard Brautigan dans son roman L’avortement, "Une histoire romanesque en 1966". 

Oui, lieu très étrange que cette bibliothèque qui recueille les manuscrits refusés par les éditeurs, ultime refuge pour livres réprouvés, rejetés à jamais des temples du savoir. Richard Brautigan, le hippie issu de la "beat generation", en avait rêvé. D’autres ont repris l’idée, réalisé son rêve et fini par édifier cette "anti bibliothèque " retirée maintenant bien loin des centres névralgiques du monde, dans la ville de Vancouver.

Des milliers de volumes y dorment en attendant qu’une âme compatissante ou simplement curieuse, vienne en feuilleter quelques-uns. Qu’importe au fond puisqu’ils ont désormais l’éternité devant eux. Et puis, n’est-ce pas le lot de beaucoup d’ouvrages qui reposent dans les milliers de bibliothèques qui constellent le monde, que d’attendre un visiteur qui ne vient pas. Qui lit encore ces auteurs naguère portés au nu et maintenant totalement oubliés ? Qui lit encore Richard Brautigan, ce romancier pourtant intéressant mais figé dans son époque, qui lit encore son roman L’avortement ? Le sablier a été retourné, les cartes brassées pour une nouvelle donne.  Et la page tournée par des contempteurs qui renvoient à un avenir en rupture avec le passé.

Ces masses de volumes délaissés, inutiles, serrés en rang d’oignon sur leurs rayonnages poussiéreux, rêvent peut-être de rejoindre la cohorte de leurs congénères pour mieux se faire oublier, passer bien au chaud à Vancouver « le reste de leur âge. »   
Comme un ultime pied-de-nez à la postérité.
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Reprenant l’idée de la "Brautigan Library", David Foenkinos situe dans son roman la bibliothèque à Crozon, au bout du bout du Finistère. Un breton pour la version française de la "bibliothèque des refusés", un breton qui reprend à son compte cette citation de Jorge Luis Borges : « Prendre un livre dans une bibliothèque et le remettre, c’est fatiguer les rayonnages. » Un breton qui pensait que « derrière la beauté des mots, la réalité est forcément décevante. »
 
La réalité, c’était aussi l’obligation de venir déposer soi-même son manuscrit à la bibliothèque de Crozon, de faire la démarche symbolique, parcourir un chemin parfois fort long et plein d’embûches, un peu comme on se rendait à Compostelle. La plupart du temps, ils entraient en hésitant, à contre cœur comme s’ils avaient honte d’abandonner leur progéniture, le fruit de longs mois de travail et d’engagement, de doute et d’enthousiasme.
Une tranche de vie remise à un étranger, jetée en pâture au hasard.

Des curieux venaient parfois jeter un coup d’œil, faisant avec nonchalance le tour des travées, feuilletant un volume, comme ça au hasard ou attiré par un titre, parfois avec un certain plaisir, parfois avec une moue boudeuse semblant dire : « quel est donc l’intérêt d’entreposer ici des livres dont personne ne veut ? » 

Le breton, toujours avenant même avec les plus sceptiques, argumentait, répondait par avance aux objections éventuelles : « Savez-vous que, de part ma longue expérience, je sais comment trouver le livre qui vous correspond ? » Manière de lancer la discussion, parfois reçue comme une provocation. La réaction de son interlocuteur lui donnait alors des informations essentielles sur la façon dont il comptait lui répondre. Certains lui souriaient, interloqués par son culot, d’autres le gratifiaient d’une moue sceptique, quelques-uns enfin voulant le pousser dans ses retranchements le mettaient au défi de s’exécuter. Et tel était bien son objectif : capter leur attention et "vendre" sa bibliothèque.         
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Il reste que notre époque est écartelée entre un passé figé dans ses attributs culturels et un avenir déifiant le changement. La dématérialisation des supports culturels serait la panacée et deviendrait la règle. Mais on imagine difficilement la bande magnétique devenir l’incunable du XXème siècle et défier les siècles à venir. Technologie oblige, chaque nouveau support a tendance à chasser le précédent.

On dirait que cette volonté de conservation culturelle qu’on constate dans les bibliothèques musées, à l’INA ou à la Cinémathèque pour ne prendre que ces exemples, a pour vertu de contrebalancer les évolutions continues des sociétés contemporaines, d’en revendiquer la permanence.  

Les classements à l’inventaire des monuments historiques se multiplient dans un esprit consommé de conservation, chaque vieille pierre est recueillie, nettoyée, classée, étiquetée avec un soin sourcilleux, et exposée comme une pierre précieuse, chaque fragment de nécropole exhibé comme trophée. Chaque bout de texte, griffonné sur un morceau de nappe est pieusement conservé pour peu qu’il soit orné d’une signature prestigieuse ou parfois simplement connue. Nous sommes bien entrés dans une phase de religion de la relique… au nom de l’Histoire et de la mémoire, pour un jour tricoter une thèse sur un sujet improbable. 

« Souvenez-vous, souvenez-vous » nous dit-on,  pour éviter que "l’histoire recommence", comme si elle était un éternel recommencement, pour pouvoir "tirer les leçons de l’Histoire", comme si éviter les erreurs du passé permettait de maîtriser l’avenir.


L’après-midi de monsieur Andesmas

Ah, en matière d’art, tout est dans la signature. « La signature » vous dis-je ! Ultime refuge aux certitudes. En peinture on le savait. Une œuvre de maître déclassée et c’est la déchéance, la relégation, la mise au purgatoire dans les réserves du musée. La consternation, demain peut-être les batailles d’experts. À l’inverse, une signature, un nom prestigieux collé à une œuvre "découverte par hasard" dans le grenier (ça se passe souvent dans un grenier) et c’est la consécration… l’exposition assurée en bonne place dans un grand musée… le pactole.

En littérature aussi, même si cet art se prête moins à ce genre de "spéculation" que les arts plastiques, un nom connu en bonne place sur la couverture d’un livre est gage de prestige, de qualité… et de ventes.


Quelle que soit la qualité de l’œuvre. En témoignent nombre d’œuvre de jeunesse qui n’offrent guère qu’une valeur de document pour chercheurs et biographes.
Albert Camus n’a-t-il pas attendu dix ans avant de se résoudre, après plusieurs renoncements, à accepter avec réticence une nouvelle édition de L’Envers et l’endroit. Et encore, l’a-t-il fait avec l’ajout d’une longue préface expliquant sa démarche et ses doutes. Il faudra attendre sa disparition en janvier 1960 pour que paraissent des textes que Camus avait conservés dans ses archives comme par exemple La mort heureuse, qu’on considère comme une première version de L’Étranger, ou les trois tomes de ses Carnets.

Tout livre a-t-il alors sa place dans les super bibliothèques, les modernes silos à livres parfois climatisées ? Question pertinente quand on constate le niveau de la production contemporaine, sans avoir recours à la bibliothèque des refusés.
Accepté un jour, refusé le lendemain…

"L’après-midi de monsieur Andesmas" (de Marguerite Duras, s’il vous plaît), un roman « bref et médiocre » ? C’est ainsi que le juge un impertinent, assez inconscient pour risquer une plaisanterie littéraire de son cru, changer le nom des personnages par exemple, et pondre une belle lettre de présentation envoyée avec le manuscrit, aux trois éditeurs majeurs de Marguerite Duras, Gallimard, Minuit et POL.
L’ouvrage "L’après-midi de monsieur Andesmas" est pourtant en vente dans toutes les bonnes librairies, comme on dit. Et pourtant, sous son nouveau titre Margot et l’important, et bien sûr signé d’un nom d’emprunt, il est refusé par les trois grands éditeurs.

Suffirait-il comme pour les fringues, d’imprimer un nom prestigieux pour donner à une œuvre quelconque ses quartiers de noblesse ? Nenni, s’en défendent les éditeurs avec des ruses de chattemite. En tout cas, les journalistes, goguenards, glosent sur « un texte de Marguerite Duras, maquillé en manuscrit inédit, refusé par ses propres éditeurs » qui lui trouvent quelque chose de « déjà lu » (évidemment), eux qui cherchent paraît-il des auteurs dotés d’une « écriture originale ». Argumentation un peu courte pour cacher leur incurie et justifier le refus d’un livre figurant dans la prestigieuse collection "Imaginaire" de la NRF.

Quel dommage que les initiateurs de ce gag littéraire n’aient pas cru bon de porter leur manuscrit à la bibliothèque des refusés de Vancouver. On aurait pu trouver un livre identique dans le rayon Gallimard de la BNF, la Bibliothèque nationale de France et quelque part dans les rayonnages de la petite bibliothèque des refusés

Mais delà de la relativité du jugement des experts que peut nous inspirer cette histoire, comme le Musée imaginaire cher à André Malraux, chacun n’a-t-il pas sa propre bibliothèque imaginaire faite de goûts personnels, de rencontres, de découvertes et de hasards ?
 Ah, en tout cas, comme l’art est inconstant, n’est-ce pas ! Car en littérature aussi, la vérité du jour n’est pas forcément celle du lendemain.
À qui diable peut-on se fier ! 
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Bibliographie
* Henry Troyat, Gontcharov, éditions De Fallois, 220 pages, juin 2012
* Érik Orsenna, Sur la route du papier,
petit précis de mondialisation III, éditions Stock, 324 pages, février 2012
* Umberto Eco, Le nom de la rose
,traduction Jean-Noël Schifano, éditions Grasset, 616 pages, janvier 2012
* Jorge Luis BorgesLa bibliothèque de Babel, du recueil Fictions (Ficciones, 1944), traduction Roger Caillois, Nestor Ibarra et Paul Verdevoye, Gallimard, 1951
* Malcolm Lawry, Au-dessous du volcan, éditions Gallimard, 635 pages, mai 2011

[1] Sommaire

1- * L’antre du savoir                                         p 1-2
2- * Le poids des mots                                       p 3-5
3- * Troyat le boulimique                                 p 6
4- * La bibliothèque en papier                       p 7-8
        d’Érik Orsenna   
5- * D’Eco à Borges                                             p 9-10
6- * Le manuscrit de Malcolm Lawry          p 11
7- * La bibliothèque des refusés                    p 12-15
8- * L'après-midi de monsieur Andesmas p 16-17

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